Ma grande soeur me raconte souvent comment, les quelques années qui ont suivies la mort de l'un de ses amis chers, qui était fasciné par la nature, elle a commencé à recevoir la visite d'un oiseau à chacun de ses anniversaires. Au cours de la journée un oiseau
allait, d'une manière ou d'une autre, se démarquer et ensuite se rapprocher d'elle de quelques mètres, et repartir. Ainsi durant cette période difficile, la visite de cet oiseau lui a donné foi en la présence de son ami à ses côtés. Avec le temps, cette rencontre
annuelle a commencé à susciter chez ma sœur un intérêt pour les espèces d'oiseaux et plus largement les espèces animales et végétales qui l'accompagnent dans son quotidien. Ainsi son ami continue-t-il de veiller sur elle au travers des pages qu'elle tourne,
des espèces qu'elle reconnaît, des balades qu'elle fait avec sa famille.
Grandir, vieillir aux côtés de nos mort.es c'est ainsi accepter de savoir et de ne pas savoir, accepter que l'on créer des énigmes et que celles-ci mobilisent beaucoup de choses qui sont appelées à évoluer dans le temps.
Les morts prennent soin des vivants en les faisant rêver, en les faisant regarder différemment, et ces changements sont appelés à investir tout doucement nos vies pour devenir des choses qui nous constituent.
Grandir, vieillir aux côtés d'une personne décédée c'est apprendre à vivre avec une présence qui nous change.
A la manière d'une méditation, nous vous invitons à prendre quelques minutes pour respirer et vous demander ce qui, dans votre corps, dans vos pensées, dans vos gestes quotidiens même les plus minimes, a été investi par des personnes de votre entourage, vivantes
ou mortes.